La Providence - Ourmieh
La Providence, B.P. 338
Mehdi Elgadam K.Mirzaian
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L’arrivée des deux premières sœurs est une grande joie pour les chrétiens. Elles s’installent dans leur maison pour commencer les activités habituelles : soins aux malades, et petite école qui, dès la 2ème année compte 100 enfants. Le besoin de renfort se fait sentir, l’année suivante, elles reçoivent 3 compagnes. Les débuts sont durs. Dans cette seconde moitié du XIXe siècle les demandes des missionnaires se multiplient. 18 ans plus tard (1875) on relève : « D’abord pauvreté extrême des maisons et nécessité de recevoir une aide, alors que les missions américaines sont comblées d’argent. Ensuite, multiplication de deux fléaux : famine qui règne à l’état endémique, d’où afflux de réfugiés, chassés de leurs villages par la faim et les incursions des Kurdes, cherchant eux aussi de la nourriture. Ces derniers arrivent parfois même jusqu’aux portes d’Ourmieh et de Khosrova ». Les famines étaient aggravées par les agissements des grands propriétaires, comme tous les spéculateurs de tous les temps, ils cachaient leurs récoltes pour faire monter les prix. Et cela n’est pas fini. D’Ourmieh, le 17 novembre 1896, Monsieur LESNE, Délégué apostolique écrit : « Je suis témoin des maux dont souffre le pays, par suite des calamités qui se sont abattues sur lui, les unes après les autres… Au printemps dernier une inondation subite avait dévasté une grande partie du pays…Au temps de la moisson et des vendanges, des pluies continues sont survenues et ont, cette fois, porté le ravage dans toute la contrée : la récolte du blé, déjà bien misérable, a pourri en partie dans les aires, et celle des raisins dans les vignes. Les paysans se sont vus réduits à une affreuse misère, à la veille de l’hiver qui, dans le pays, dure plus de quatre mois. Or, il n’y a pas de réserves »… D’autre part ce qui contribue à augmenter la misère, ce sont les réfugiés de Turquie qui ne cessent d’arriver. Pour sauver leur vie, ils abandonnent tout et arrivent, dénués de quoi que ce soit, parcourant les villages, implorant pour eux et pour leurs enfants du pain pour apaiser leur faim et des habits pour se couvrir, la plupart étant à moitié nus. Ici, comme dans tout l’Orient, l’hospitalité est un devoir sacré ; refuser l’entrée de sa maison à un étranger quel qu’il soit, aussi bien qu’à un ami, c’est une chose des plus odieuses pour le refusé, et des plus déshonorantes pour celui qui refuse. Encore et contre tout, les sœurs poursuivent leur tâche d’éducatrice auprès des orphelines, en s’inspirant des coutumes du pays.
1914 – 1919 : C’est la première guerre mondiale La Turquie, choisit son camp, elle s’allie à l’Allemagne. En plein cœur de l’hiver, les troupes russes et tous les sujets du Tsar reçurent l’ordre de se replier sur le Caucase. La grande guerre venait d’éclater. Les Russes, chrétiens, voulurent emmener les chrétiens du lieu dans leur fuite précipitée. Ce fut une vraie débandade, sans cause bien réfléchie. Les Sœurs restèrent, comptant sur l’autorité persane… Mais les chrétiens des villages qui n’avaient pas eu le temps de s’enfuir, effrayés de ce retrait inattendu des troupes russes et des désordres qui commençaient à se propager dans la plaine, s’entassèrent, eux, leur mobilier et leurs bêtes, dans la cour de la Mission catholique. Pour comble de malheur, le typhus se déclara… Les quarante orphelines ou pensionnaires de la maison installées dans une seule classe et trois sœurs furent atteintes, tour à tour, par le terrible mal. Heureusement personne n’en mourut. Bientôt, les troupes russes revinrent et l’ordre des choses reprit son cours normal, aussi troublé qu’auparavant. Les œuvres continuaient cependant à fonctionner chez les Pères et chez les Sœurs au milieu de mille inquiétudes et de difficultés de plus en plus grandes, jusqu’au début de l’année 1918. Les œuvres de la Mission, bouleversées par les événements, étaient désemparées par l’incertitude de l’avenir. Les familles chrétiennes avaient réclamé leurs enfants et, inquiètes, se préparaient, sur un dernier signe, à se jeter sur les routes de l’exil. Devant cette situation plus que critique, les Sœurs reçurent l’ordre de partir pour la capitale, à Téhéran, où elles attendraient des jours plus calmes.
En 1931, les Sœurs rentrent à Ourmieh. Sœur Corman et ses trois compagnes reprenaient leurs activités interrompues : une quarantaine d’élèves dans les classes, orphelinat de 25 enfants, complètement à la charge de la communauté, ouvroir ouvert à une trentaine de jeunes filles, ainsi que services rendus au clergé local et aux Missionnaires. Bien vite la Congrégation mariale reprend avec 29 Enfants de Marie et 16 aspirantes. On pense alors à organiser les Louise de Marillac. Le cataclysme qui s’était abattu sur le pays n’avait pas miné les efforts des sœurs puisque l’on reprenait non pas à zéro, mais très près de ce qui avait été. A partir du 22 mars 1935, premier jour de l’an persan, la Perse reprendra son vrai nom : l’Iran et les Persans seront exclusivement des Iraniens. Quant à la ville d’Ourmieh, elle deviendra Rezaïeh. Au fur et à mesure des nécessités, les constructions iront bon train pour l’extension des activités, école, internat, dispensaire. En 1979 l’instauration de la république islamique vient interrompre les activités, l’école est nationalisée en 1980. Depuis, l’internat a continué pour un petit nombre de filles. Le dispensaire est fermé, mais 3 sœurs dont 1 missionnaire et une Libanaise qui ont obtenu le renouvellement du permis de résidence sont au service de l’Eglise chaldéenne. Elles font la Pastorale dans les villages chaldéens de la région et la Catéchèse pour les mouvements de jeunesse.