Notice de Sœur Nerguise Evaise

Sr Nerguise Evaise naquit à Kosrova, le 22 février 1832, de parents catholiques, des plus honorables parmi les habitants du Bourg. Le Saint Esprit qui avait sur cette enfant des desseins de miséricorde, inspira à son père le désir de la faire étudier ce qui n’était pas l’usage alors pour les jeunes filles. Nerguise devint donc l’élève d’un prêtre qui faisait la classe aux petits garçons du village. Elle fit la première confidence du désir qu’elle éprouve de se consacrer à Dieu dans une communauté religieuse. Cette vocation parut d’autant plus surnaturelle à Mgr Valerga, qu’elle était très rare et presque inouïe en Perse, où il n’existait d’ailleurs aucune communauté de femmes. Mgr Valerga ayant accompli sa mission en Chaldée, rentrait en Europe et passait à Constantinople et à Paris ; il plaida chaleureusement la cause de sa protégée et six mois après elle recevait l’admission tant désirée.

Quand elle arriva à Constantinople pour postuler, la jeune fille put donc profiter avantageusement des instructions de Sr Buchepot, instructions dont le souvenir resta profondément gravé dans son cœur. Après sa prise d’habit, Sr Evaise serait bien volontiers restée quelque temps en France, mais Sr Lesueur la demandait pour la province de Constantinople. Quand elle arriva à Galata, c’était l’époque de la guerre de Crimée ; elle vit à l’œuvre nombre de vaillantes ouvrières qui se dévouaient auprès des blessés et elle put partager leurs travaux, en s’édifiant de leurs exemples. Elle venait de faire ses vœux lorsque son ancien directeur M. Darnis qui désirait depuis longtemps voir les Filles de la Charité s’établir en Perse, vint à Constantinople pour s’entendre à ce sujet avec M. Boré « visiteur de la province ». Le moment était providentiellement choisi: la guerre de Crimée se terminait, et parmi les sœurs qui quittaient les ambulances, on trouvait facilement des âmes prêtes à affronter les périls du voyage et les difficultés d’une fondation. Sr Lesueur proposa l’affaire au très honoré Père, et avec l’approbation des supérieurs, le départ fût bientôt préparé. Les sœurs élues pour être les premières ouvrières de la nouvelle moisson étaient au nombre de cinq ; la plus jeune d’entre elles était Sr Evaise, connue désormais sous le nom de Sr Anna, qui fut une précieuse auxiliaire pour ses compagnes par sa connaissance de la langue et des mœurs persanes.

Pendant son séjour à Kosrova, Sr Evaise rendit les plus grands services aux sœurs. L’année suivante elle partit avec Sr Couesbouc pour commencer l’établissement de « Ourmieh ». Elles y ouvrirent une école et un dispensaire qui fut immédiatement très fréquenté. Sr Evaise devait diriger l’école, répondre aux malades, recevoir les visites, etc. Elle arrivait à tout sans paraître pressée. Elle fit le bon ange de nouvelles sœurs arrivées ensuite pour l’aider. Déchargée de l’école, Sr Evaise passait ses matinées au dispensaire et dans l’après midi, elle partait, accompagnée d’une femme, pour la visite des malades à domicile. Son dévouement se manifestait aussi par le soin qu’elle prenait de réunir tous les dimanches les femmes du quartier nouvellement converties, pour leur apprendre à bien participer à la messe et à s’acquitter de leurs devoirs de religion.

Le 19 juillet 1900, Sr Evaise célébrait sa cinquantaine. Le 15 octobre, après avoir eu douze jours de douleurs intolérables, un accident très grave déterminé par une violente crise de toux, acheva de rompre des liens si frêles qui la retenaient sur la terre. Sr Evaise envisageait la mort avec une douceur qui avait fait le fond de son caractère durant toute sa vie.