Notice Nécrologique de Sœur Anne-Marie Lavallée

Sœur Anne-Marie de Lavallée est née en 1892 à Nantes, d'une famille profondément chrétienne, d'ascendance illustre, car elle s’apparentait à la famille de Jeanne d'Arc (par le père Henri de Lavallée de la Giralderie), et à la famille royale de Belgique (par la mère Henriette de Meus, d'origine belge), et dont les aïeux remontaient à Charles-Quint. Sa petite enfance se passa à Paris et à « La Quêtraye » près d'Annecy, propriété de la famille, avec ses frères et sœurs.

La mère d'Anne-Marie était assez souvent malade, se dévouant auprès de son mari, lui-même malade, elle part se reposer en Belgique en 1904 et meurt peu de temps après. A la mort de Mr. de Lavallée, provoquée accidentellement, les enfants sont officiellement dispersés : les deux fillettes partent chez leur tante, Marthe, épouse du Dr. Démarié à Chambery ; Henri et Emmanuel sont internes au Collège d'Evreux; Ghislain, qui n'a que cinq ans, est confié à Esther de Meus à Paris.

Il fallait songer à l'instruction des enfants. Au couvent de la Visitation de Chambéry, une religieuse, tante des fillettes voulut bien se charger d'élever Anne-Marie et sa sœur Gaëtane. En France, c'est l'époque des laïcisations, et l'exil pour les Religieuses. D'abord, la jeune fille suivra ses chères maîtresses en Italie, mais elle n'arrive pas à s'adapter à sa nouvelle vie. Elle allait quelques mois en Angleterre pour perfectionner l'anglais et retournait après à Chambéry chez ses tantes Dénarié. La grande guerre approchait. La jeune fille s'engagea dans les ambulances pour soigner les soldats blessés. En 1916, son frère Henri, parti à 16 ans comme engagé volontaire, fut envoyé au front, il y fut tué. Pleine du chagrin, elle rejoignit son travail aux ambulances. Elle se présenta à Sœur Costa pour se mettre à sa disposition.

En 1924, c'était l'année de ses premiers vœux. Elle était heureuse à Chambéry, mais elle avait rêvé d'un don plus total: partir au loin; s'en aller "missionnaire en Chine, au Japon ou ailleurs, chez les païens... Elle en faisait part aux Supérieurs durant la retraite à Paris. Elle était prise au mot. Elle partirait non pas chez les païens, mais dans un beau pays au-delà de la Méditerranée. Peu de temps après ses Vœux, on avait besoin d'une Sœur au Liban et c'est elle qui était désignée, pour rejoindre Beyrouth. Voilà 15 jours que Sœur Anne-Marie est à la Marine... N’étant pas satisfaite, elle demandait son changement pour une communauté où on pouvait lui accorder un office pour travailler et elle l’eut. Sœur Cornillon accueillit maternellement sœur Lavallée à l’Immaculée où elle restait une dizaine d'années pour éduquer les enfants. Sœur Lavallée eut la joie de préparer plusieurs filles au Congrès d'Enfants de Marie organisé en 1934. En 1935, Sœur Petit (nouvelle visitatrice remplaçant sœur Méglin) donnait à sœur Anne-Marie son changement pour la maison de la miséricorde de Tripoli qui comprenait l'école payante, l'école gratuite, l'internat, 90 orphelines, le dispensaire, un fourneau économique (nourrissant en 1936 plus de 200 personnes par jour), deux autres écoles en dehors du groupe du centre-ville: Kobbé et la Marine, où deux sœurs se rendaient tous les jours. Sœur Lavallée prenait en main toutes ces œuvres. En 1937, elle encourageait le commencement d'un dispensaire dans les villages, à quelques distances de la ville.

En Juillet 1951, une lettre de Paris annonçait à sœur Anne-Marie Lavallée que le Conseil général l'avait nommée Visitatrice de la Province. Sœur Lavallée quittait la Miséricorde, acceptant la charge qui lui était imposée par la décision prise.

En 1969, c’était sa cinquantaine de vocation. Depuis qu'elle était à Damas, elle n'était plus retournée en France.

En 1972, les Supérieurs estimaient qu'elle devait se reposer. Alors, sœur Robin avait été désignée pour la remplacer tout en la gardant à côté d’elle dans la maison. Sœur Lavallée aimait beaucoup Damas. Aussi désirait-elle vieillir là-bas, et y finir ses jours.

En 1973, Elle entre dans le coma et à 20 h 30 elle rendait le dernier soupir entre les mains du Seigneur.