Notice de Sœur Henriette KACHAMY

(1906 – 1990)

Linda Kachami, en communauté, Sœur Henriette, naquît à Kom- Hamada, en Egypte, le 21 Mai 1906.

D'abord, élève à l'école italienne, elle est confiée, après la mort de sa maman, à nos sœurs de la Miséricorde d'Alexandrie. Elle y acquiert une bonne instruction primaire.

Très mondaine, paraît-il, dans ses jeunes années, elle ne reste pourtant pas sourde à l'appel du Seigneur.

Et comme sœur Mathilde qui l'a précédée, c'est chez les Filles de la charité qu'elle décide de servir le Christ, dans les pauvres.

Présentée par sœur Cornillon, Elle postule successivement au centre hospitalier de Bhannès, puis, dans la maison de Zouk dont la sœur Cornet, la sœur servante, n'a qu'un désir: qu'après son séminaire, la jeune sœur lui soit rendue. Le ciel semble d'accord avec ce souhait. Le Séminaire de Paris terminé, sœur Kachamy est envoyée à Zouk! Mais l'homme propose, et Dieu dispose.

Quatre mois ne se sont pas écoulés que ma sœur Ageorges, Assistante de la Province et responsable des écoles, vient la cueillir à Zouk pour la planter à la Maison Centrale. Et il faut croire que le terreau était bon, car sœur Henriette va y passer toute sa vie de Communauté, et c'est de là que 56 ans plus tard, elle prendra son essor vers le Ciel.

Ce premier changement dut lui coûter car déjà elle s'était attachée aux petites orphelines et aux enfants abandonnés, mais, chargée de petites classes à la Maison Centrale, elle est désormais toute aux jeunes élèves qui lui sont confiées.

En 50 ans que d'enfants vont lui passer par les mains: enfants qu'elle a aimés, et auxquels, elle a donné le meilleur d'elle-même.

De rapport facile, aimable avec tout le monde, elle est appréciée des parents qui lui confient avec joie leurs enfants. Elle met à leur service son sens pédagogique, sa compétence, son dévouement: c'est la vraie maîtresse d'école, exacte et juste, alliant fermeté et compréhension, sachant susciter l'intérêt chez tout ce petit monde souvent remuant et bruyant. Il n'est que de voir une de ses lettres, même lorsqu'elle déclare à sa correspondante qu'elle écrit sir ses genoux, pour deviner la maîtresse qui a formé tant de mains enfantines et malhabiles à la science difficile de l'écriture. A plus de 80 ans la plume ne tremble pas entre ses doigts, les lettres sont toujours formées avec de la même fermeté, la même régularité.

Coulent, coulent les années. Sœur Henriette approche maintenant de ses 50 ans de vocation. Responsable des cours préparatoire et élémentaire, elle remplit parfaitement son office, malgré une santé qui demande toujours des ménagements. Elle voit Dieu dans les enfants, même les plus insupportables; s'occupe des plus pauvres matériellement, mais surtout des plus démunis sur le plan de l'intelligence. Les parents lui font entièrement confiance et les élèves lui sont très attachées.

Que d'anciennes, mariées, mères de famille, viennent la voir, lui raconter leurs difficultés, lui confier telle ou telle souffrance, lui demander conseil, sachant la part qu'elle prend à leurs joies et à leurs peines.

Jusqu'à sa mort, elle reste liée à des générations qu'elle a contribué à instruire, à former, développement en toutes les valeurs humaines et apprenant aux chrétiennes à vivre une foi authentique.

Telle était sœur Henriette dans sa vie "professionnelle", et en Communauté.

Régulière dans sa vie de prière, elle pratique une vraie pauvreté, se contentant de ce qu'elle a. D'un caractère agréable et gai, sincèrement bonne, très bien élevée, très sociale, c'est dans la vie communautaire une très bonne compagne, estimée de toutes pour son bon sens, sa cordialité, son obligeance à rendre service. Parfois trop indulgente, elle ne voit pas le mal et se laisse influencer par l'une ou l'autre mais cherche toujours à détendre une atmosphère trop tendue et s'efforce de sauvegarder l'union.

Toujours affable et souriante, elle est toujours une des premières à accueillir celles qui arrivent à la Maison Provinciale: lorsqu'on y débarque, venant de France ou d'un coin éloigné de la Province, on est sur de la voir arriver pour vous souhaiter la bienvenue et vous offrir ses services. Combien ont été ainsi reçues par elle au cours de ses longues années de présence à Achrafieh?

En 1971 elle avait eu une très grande joie: sa petite nièce, Charlotte Wassef, était entrée en Communauté.

Lors de ces quelques courts séjours en Egypte, qu'elle passe en général à Moharrem-Bey, où la rejoint sa sœur Marie qui demeure à Alexandrie, Sœur Henriette est heureuse de retrouver sœur Charlotte dans sa maison si vivante d'Abbassieh. Avec les années, cette joie deviendra plus fréquente alors que sœur Charlotte, Sœur Servante puis Conseillère Provinciale, viendra plus souvent à Beyrouth.

Privée d'enfants qui ont été toute sa vie, elle cherche encore à se mettre à leur service. C'est ainsi qu'elle va aider sœur Marie-Ange dans ses écritures et en particulier dans les lettres que les enfants du parrainage envoient à leurs bienfaiteurs soit pour leur offrir leurs vœux de nouvel an, soit pour leur donner de leurs nouvelles ou la remercier de l'aide reçue. On sent à la lecture de ces lettres que Sœur Henriette y met tout son cœur, désireuse à la fois d'exprimer la souffrance de ces enfants qui ne connaissent de la vie que des années de guerre, d'insécurité, de privation, mais en même temps leur reconnaissance envers la générosité de leurs parrains et marraines pour lesquels ils ne cessent de prier et leur confiance dans la protection de Dieu et de la Vierge.

Et c'est ainsi que sœur Henriette uses ses dernières forces au service des pauvres. Malgré sa fatigue qui augmente, elle ne se plaint pas.

La veille de Noël 1990, elle veille comme d'habitude et le lendemain célèbre Noël avec la Communauté.

Mais la nuit du 25 au 26, elle se sent épuisée, incapable de dormir, elle prépare son linge, en remplit deux sacs en disant:

"Si je dois aller à l'hôpital, tout sera prêt"! Toujours avec le souci de ne pas donner de peine aux autres. Par délicatesse, elle s'abstient de réveiller sœur Marcelle, sa plus proche voisine, et le lendemain descend comme de coutume au réfectoire. Sans forces, elle s'assied devant la table, tenant sa tête dans ses mains refusant de rein avaler. Dès la fin du petit déjeuner, vite à l'hôpital du Sacré-Cœur.

Dès leur arrivée, le docteur ordonne: "Immédiatement aux soins intensifs!"

Tout va désormais aller très vite. Entrée le 26 au matin, le 29/12/1990 au soir, elle rend le dernier soupir.

En ces quelques jours, elle a eu le temps d'édifier une dernière fois celles qui sont venues la voir. Son sourire, sa résignation font l'admiration de toutes. A une sœur qui lui demande:

"Sœur Henriette, si le Bon Dieu veut vous rappeler à Lui, que Lui direz-vous?"

Elle répond simplement: "Je suis prête".

Sa disparition si rapide a été vivement ressentie non seulement par ses compagnes, par les très nombreuses sœurs qui la connaissaient et l'aimaient, mais aussi par toutes ses anciennes et leurs familles dont beaucoup on exprimé leur peine de n'avoir pu la voir une dernière fois, avertis trop tard vu la rapidité du décès.

Avec saint Vincent " rendons grâce à Dieu de l'usage que notre sœur a fait de la grâce de la vocation. Prions-le qu'Il appelle en cette Compagnie des âmes qui lui soient fidèles comme celle-là et travaillons de notre côté pour l'imiter".


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