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Cette heureuse rencontre provinciale se situe entre deux Fêtes importantes : celle de la Visitation de Marie à sa cousine Elisabeth que nous avons célébrée hier 31 Mai et celle de la Pentecôte que nous célébrerons dimanche prochain le 8 Juin.
A l’Annonciation l’Ange Gabriel dit à la Jeune fille de Nazareth : « l’Esprit Saint viendra sur toi et le très Haut te couvrira de son Ombre» Lc 1,39

A la Visitation, Luc écrit : « Dès qu'Élisabeth eut entendu le salut de Marie... elle fut remplie d'Esprit Saint » (1, 41).
Ainsi la divine présence dont Marie est porteuse a, non seulement, réveillé la vie en sa cousine Elisabeth, mais aussi éveillé en elle une perception surnaturelle puisque, à l'instant même, elle est inondée de la lumière de l'Esprit. Elle reconnaît d'emblée la grâce dont elle vient d'être l'objet, la mystérieuse Visitation de son Seigneur. « Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? »
Nous constatons que le récit évangélique de la Visitation suit immédiatement celui de l'Annonciation : la Sainte Vierge, qui porte en son sein le Fils conçu par l'œuvre de l'Esprit Saint, rayonne autour d'elle de grâce et de joie spirituelle. C'est la présence de l'Esprit en elle qui fait tressaillir de joie le Fils d'Élisabeth, Jean destiné à préparer la voie au Fils de Dieu fait homme. Nous pouvons donc considérer la rencontre entre Marie et sa cousine Élisabeth comme une sorte de « petite Pentecôte ».

Dans une de ses homélies, le Saint Pape Jean-Paul II affirme « Là où se trouve Marie il y a le Christ; et là où se trouve le Christ il y a son Esprit Saint, qui procède du Père et de Lui-même dans le saint mystère de la Vie Trinitaire ».
Le « oui » de Marie, à l’Annonciation, attire le Don de Dieu sur l'humanité, l’Esprit-Saint forme en elle le corps du Verbe fait chair. A la Pentecôte, Marie et les Apôtres réunis au Cénacle, reçoivent la « puissance d'En-haut ». Il en est toujours ainsi pour l'Église. Il en est toujours ainsi dans nos vies : Là où il y a Marie, là se trouve l’Esprit.
À la suite de Marie et d’Elisabeth, l’Esprit nous fait croire que Dieu peut faire merveille dans nos vies, pourvu que nous nous Ouvrions à sa présence agissante, pour connaître ce tressaillement d'allégresse qui fut celui de Jean Baptiste. Sous sa mouvance, nous découvrons que notre vocation est bien d’annoncer qu’en Jésus, Dieu a établi sa demeure parmi nous.
En Marie, l’Esprit façonne le corps de Jésus, l’Envoyé du Père par excellence, le Premier Missionnaire. En nous aussi, l’Esprit façonne l’Etre-Missionnaire ; Il nous dispose à écouter, Il nous apprend à agir et Il nous ouvre à des horizons infinis où nos frères humains attendent la lumière de l’Evangile, l’Annonce de la Bonne Nouvelle « non seulement avec des paroles mais surtout avec notre vie transfigurée par la présence de Dieu ». Evangelii Gaudium N0 259
« Marie s’en alla en hâte », nous dit St Luc, comme pour Marie, l’Esprit nous pousse à « sortir » pour aller rejoindre les hommes et nous mettre à leur service. Au lieu de nous centrer sur nous-mêmes, Il nous pousse à apporter l’amour et la joie aux autres. Il nous entraîne à « quitter »notre tranquillité et fait de nous les Apôtres du Royaume.
Il est donc vital, pour nous, de rejoindre nos frères, sans peur, sans hésitation, poussées par cette « Audace de la Charité » qui donne force et courage, assurées que l’Esprit nous précède déjà dans le cœur des hommes, Lui qui sans cesse, est à l’œuvre pour refaire toute chose nouvelle.

Cependant nous devrions avoir toujours, présent à l’esprit, que toute Mission, selon le cœur de Dieu, commence d’abord au sein de nos communautés. Nous ne serions nullement en mesure d’annoncer à nos frères, le Salut de Dieu et la joie d’être aimées et sauvées, si nous n’expérimentons pas quotidiennement cette joie et ce salut par la charité fraternelle et par le soin aimant que nous prenons les unes des autres.

Ce même Esprit nous dispose à écouter : Ecouter Dieu, mais écouter aussi les faits, la réalité quotidienne, l’attention aux personnes, parce que le Seigneur est à la porte de notre vie et il frappe de différentes manières, il met des signes sur notre chemin ; à nous d’être capables de les voir en étant attentives à cette réalité concrète, à nous de ne pas nous arrêter à la surface des choses, à nous de savoir aller en profondeur pour en saisir la signification ; nous demander personnellement et en communauté : Qu’est-ce que le Seigneur nous dit par ce fait ? Qu’est-ce qu’Il attend de nous ici et maintenant ?

Sans doute, Il attend que nous « partions en hâte » comme l’a fait Marie, il attend que nous nous ne restions pas tranquilles mais que nous nous préoccupions de façon active, que nous coopérions entre nous et avec d’autres pour que les pauvres vivent avec dignité. C’est à eux que Jésus s’est identifié : « Ce que vous avez fait à l’un de ces petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » Mt 25.

Ce que l’Esprit suscite en nous, c’est une attention à l’autre et la Visitation nous invite à prendre soin des faibles, des plus fragiles de la terre, alors que la société moderne consacre la performance et le succès. Cette attention aimante est la grâce que verse l’Esprit en nos cœurs, grâce par laquelle, Il nous apprend à valoriser le pauvre dans ce qu’il a de bon et de beau afin que notre service ne soit pas lieu de vanité ou de recherche de pouvoir et d’intérêts personnels, mais plutôt une manière de vivre une proximité humble et joyeuse.

Pour signifier son amour, Jésus se met à genoux devant ses disciples et leur lave les pieds. Et pour montrer son amour à sa cousine Elisabeth, Marie se charge des besognes les plus humbles.

A notre tour, nous sommes conviées comme communautés évangélisatrices, à rejoindre la vie quotidienne des autres par nos gestes et nos œuvres. C’est seulement à partir de ce respect et de cette tendresse, c’est seulement à partir de notre foi en la dignité incontournable de toute personne humaine, que notre vie devient porteuse de la plus grande et de la plus efficace Bonne Nouvelle de l’Evangile.

A notre Dame de la Visitation adressons cette prière que le Pape François avait prononcée l’an dernier, le 31 mai, lors d’une célébration sur la Place Saint Pierre à Rome en présence de plus de 40 000 personnes :

Marie, femme de l’écoute, fais que nos oreilles s’ouvrent ; fais que nous sachions écouter la Parole de ton Fils Jésus, au milieu des paroles de ce monde ; fais que nous sachions écouter la réalité dans laquelle nous vivons, chacune des personnes que nous rencontrons, en particulier celle qui est pauvre, qui est dans le besoin, en difficulté.

Marie, femme de la décision, illumine notre esprit et notre cœur, pour que nous sachions obéir à la Parole de ton Fils Jésus, sans hésitation ; donne-nous le courage de la décision, de ne pas nous laisser porter pour que les autres orientent notre vie.

Marie, femme de l’action, fais que nos mains et nos pieds se dirigent « en hâte » vers les autres, pour apporter la charité et l’amour de ton Fils Jésus, pour apporter, comme toi, au monde la lumière de l’Evangile.

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Soeur Marie Madeleine Boustany
Visitatrice