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Obsèques de Sœur Lydia Tadros
Foyer Sainte Cécile – Bhannès
Le 24 juillet 2020

Mt 1, 18-23.

Homélie
Généralement personne n’aime endosser l’habit du méchant ou du perdant, bien au contraire, tout être humain normalement constitué aurait tendance à se vêtir de la peau du gentil et de celui qui réussit. C’est un peu pareil avec l’Évangile. Personne ne veut endosser le rôle du méchant, ou de la terre aride et stérile. Mais qu’en est-il réellement ? Il y a en fait en chacun de nous une partie de bonne terre, mais il n’y a pas malheureusement uniquement de la bonne terre. Il y a en chacun de nous quelques parcelles de terre féconde tout comme il y a des parcelles à l’abandon et qui demanderaient à être réhabilitées, désherbées et irriguées. Il nous arrive donc de recevoir la semence mais nous avançons sans nous sentir concernés.
Le texte évangélique que nous venons de proclamer invite chacun de nous à être cette terre féconde, généreuse, à l’écoute de l’autre, mais la tentation est grande de fermer l’œil et le cœur à toute parole qui exigerait de nous une ouverture. C’est qu’en fait il nous manque des racines qui nous attachent fortement à la Sainte Parole, et nous nous laissons parfois étouffer par les ronces et les mauvaises herbes. Ces ronces, ce sont nos préoccupations ordinaires, somme toute normales, mais qui prennent une place tellement importante qu’elles finissent par tout étouffer alentour. Et Dieu dans tout cela ? Et la place de la Parole?

Sœur Lydia dont nous célébrons le retour au Père a comme tout un chacun été une parcelle de terre et, pendant des années, elle aura cherché à cultiver cette parcelle pour en faire un jardin entretenu et généreux.

Sœur Lydia Georges Tadros est née à Alexandrie, Egypte, le 1er avril 1927. Après des études à l’Ecole des Filles de la Charité au Caire, elle sera enseignante à l’Ecole Maternelle dans cette même école cinq ans durant. Elle est accueillie dans la Compagnie des Filles de la Charité le 12 novembre 1950, elle avait alors un peu plus de 23 ans.

Après le Séminaire Interne, elle sera placée comme enseignante à la Miséricorde à Alexandrie, une œuvre qui n’existe plus mais dont les bâtiments, appartenant toujours aux Filles de la Charité, sont actuellement occupés par l’Administration publique. En 1957, elle est placée à l’Ecole Saint Vincent d’Alexandrie, toujours pour assurer l’enseignement du français. En 1962, elle est à l’orphelinat du Caire, au Collège de Helmieh en 1965 et à nouveau à l’orphelinat en 1966. Nous la retrouvons à la Maison Provinciale à Beyrouth en 1973 et en 1975 elle est directrice de l’Ecole Maternelle du Collège d’Antoura des Lazaristes. En 1978 elle retrouve la Maison Provinciale pour s’occuper de l’Ecole Maternelle, responsabilité qu’elle assumera jusqu’à un âge avancé. Fatiguée et atteinte de plusieurs maladies handicapantes, elle rejoindra le Foyer Sainte Cécile où elle s’éteindra le 22 juillet 2020.
Sœur Lydia aura ainsi passé sa vie dans l’enseignement, et s’y sera adonnée avec passion et grande tendresse pour les plus jeunes dont elle s’est toujours occupée.
Passionnée par sa mission, elle aura toujours à cœur de rechercher le meilleur moyen pour répondre aux exigences de la formation des plus jeunes, aussi suivra-t-elle plusieurs sessions de formation personnelle dans la gestion de l’école maternelle, le chant et les activités manuelles. Et cela lui réussira. Sa passion pour l’enseignement et sa réussite dans le domaine ne lui monteront pas à la tête. Elle restera cette Fille de la Charité discrète, presqu’effacée en public mais portée par la prière. En effet, la prière avait la place la première dans sa vie même si elle n’aimait pas outre mesure l’expression expansive que certains chrétiens se plaisent parfois à en faire montre. Fille de la Charité à son office, discrète mais efficace. Fille de la Charité elle partira dans la discrétion.

Il m’a été donné de faire sa connaissance au Collège d’Antoura. Elle en tenait la alors direction de l’école maternelle. Elle avait pour compagnes Sœur Agnès Mhanna à qui tous les Lazaristes qui sont passés par Fanar, Antoura ou Mejdlaya doivent beaucoup, et à qui il me plaît aujourd’hui d’avoir une pensée toute particulière, et une Sœur hongroise dont j’ai malheureusement oublié le nom. La présence de ces trois Filles de la Charité dans ce Collège d’Antoura était une réelle bénédiction. Elles ont laissé une trace dont elles n’ont jamais soupçonné la profondeur ni l’ampleur, une trace faite de prière, de présence discrète et de travail acharné.

Sœur Lydia en aura vu passé des générations et des générations d’enfants, que ce soit en Egypte ou au Liban. Beaucoup de ces enfants devenus adultes et parents à leur tour, se plaisaient à lui faire confiance pour la formation de leurs propres enfants, et c’est pourtant dans la discrétion la plus totale qu’elle rejoint le Père Eternel.

Sœur Lydia, reposez en paix. Vous avez mérité la couronne des justes après un parcours de 70 ans au service du Seigneur dans la Compagnie des Filles de la Charité. Reposez en paix et intercédez pour la famille vincentienne auprès du Seigneur de la paix.
Antoine-Pierre NAKAD cm



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