Actualités

Jubilé de Soeur Charlotte Wassef
Le 12 juin 2022

La célébration de la Pentecôte est la célébration des débuts de la mission de l’Eglise, et cette mission est celle d'annoncer la Bonne Nouvelle de la Résurrection du Christ à toutes les nations. C'est un temps nouveau qui commence, celui de l'Eglise. Ce n'est pas un recommencement sans la présence de Jésus mais un temps rempli de sa présence par l'action de l'Esprit qui est envoyé, le Défenseur, l'Esprit de vérité qui enseigne tout et se souvient de tout ce que Jésus a dit.
Ce temps est celui de I'envoi, si j'osais, je dirais du «partage» de la Bonne Nouvelle aux éxtrémités de la terre, symbolisé par le don des langues et l'apparition des langues de feu. Ces langues se posent sur chacun des présents, ce qui signifie que chacun est invité à être porteur de la Bonne Nouvelle et en tant que tel, chacun devient héraut de ce message.
En d'autres termes, il s'agit de l'universalité du message évangelique qui s'adresse à toutes les personnes de bonne volonté. Ce message ne vient pas des apôtres eux-memes, ils en sont les porteurs et les témoins par l'action de I 'Esprit.
Nous sommes nous aussi porteurs et témoins aujourd'hui de l'universalité du message évangelique et chacun et chacune recoit des dons particuliers pour le faire. On appelle ces dons des charismes : celui du service, celui d'une parole qui réconforte ou d'un enseignement qui éclaire.
Les manifestations de l 'Esprit peuvent se situer à divers niveaux, mais nous sommes tou-jours sur le registre du « souffle », un souffle de vie qui crée toutes choses nouvelles, un souffle qui porte vers les autres et rend accueillant au don de Dieu qui fait de nous ses enfants.
En acceptant de devenir porteurs de la Bonne Nouvelle sous le souffle de I 'Esprit, nous nous humanisons parce que nous nous lançons dans l' obéissance à l'ultime et nous nous ouvrons sur l'infini. L' évangile nous ouvre à I' infini de l 'humanité pour que notre vie soit une réponse personnelle à l'appel de Jésus : «toi, suis-moi ».
Ma Soeur,

II est bon de se rappeler par une célébration d'action de grâce l'anniversaire de ce jour où vous avez répondu à cet appel. Cinquante ans, c'est long aux yeux des plus jeunes, c'est une vie et pourtant, c'était hier. Hier encore vous étiez accueillie comme enfant à l'école Saint Joseph de Moharram Bey des Filles de la Charité avant de rejoindre Saint Vincent de Paul de Helmieh puis l'université du Caire pour approfondir vos études et vos compétences en expertise comptable. Les diplômes requis en poche, vous vous envoliez pour Ie Liban et
Soeur Milocheau à votre demande vous accueillait au seminaire interne en ce 14 juin 1971.
Des années de formation au sein de cette Compagnie et à l'Institut des Sciences Religieuses des Pères Jésuites avant de retrouver en juillet 1974 l'Ecole Saint Vincent de Paul d' Abbassieh au Caire. Mais en tant que Fille de la Charité, vous y passerez le plus clair de vos années de service, de 1974 à 2006, vous consacrant à la formation des enfants démunis. Ni les vicissitudes de la vie ni les différentes responsabilités qui vous incomberont au cours de ces années ne vous auront empêchée de poursuivre votre mission, parce que vous étiez et êtes portée par cette foi qui est à la base de tout engagement sérieux.

Ma Soeur,

Je me permets de vous rapporter une confidence que m' avait chuchotée Monseigneur Philippe Brizard, alors Directeur Géneral de l'Œuvre d'Orient, au terme de l'une de ses vi- sites à Abbassieh; « II faudra m'expliquer un jour comment font les Filles de la Charité, mal-gré le poids des années et des charges, pour aussi bien tenir toutes ces oeuvres ? Regardez Soeur Charlotte, poursuivait- il, elle est platrée à cause d 'une mauvaise chute, et pourtant elle tient à être présente partout pour s'assurer de la bonne marche de son école. II faut lui demander de se reposer un peu ». Se reposer et être Fille de la Charité dans certaines missions difficiles, c'est demander au soleil et à la nuit de cohabiter. Vous vous retrouvez maintenant dans une communauté dont la Soeur Servante est I' ancienne cheftaine scoute de certains membres de votre famille, et vous poursuivez votre travail de comptable méticuleuse alors que vous devriez aspirer à une retraite paisible, mais peut-on se permettre, malgré toutes ces années de service et de méditation, de prendre du repos quand les besoins sont de plus en plus importants et le nombre des Soeurs de moins en moins grand ?
Remercions ensemble le Seigneur pour ces belles années à son service, ma Soeur, et remercions-le aussi pour cette belle occasion qui aura permis à certains membres de votre famille de faire le déplacement des Etats-Unis d'Amerique, du Canada ou d'ailleurs pour être auprès de vous. Nous remercions aussi le Seigneur qui a permis que cette célébration se fasse en présence de Soeur Francoise PETIT, Supérieure Générale de la Compagnie des Filles de la Charité. Nous savons l'affection particulière qu'elle porte à l'Egypte, elle qui s'est engagée dans la Compagnie après une période de volontariat à Abbassieh.

Ma Soeur,

Que vous souhaiter sinon de poursuivre votre Mission sous Ie regard du Seigneur. Le Seigneur vous a accordé bien des talents, et je sais que toutes ces années durant, vous avez fait de votre mieux pour les faire fructifier au service de votre mission. Les temps ont été durs, ils le sont encore, ils le seront toujours demain. Il n'est dit nulle part que les disciples du Christ auront la vie simple et paisible, mais nous avons mis notre foi en sa Parole et nous savons que cette foi ancrée dans le Verbe incarné est le soutien le meilleur et Ie plus fidèle.

Que le Seigneur soit toujours votre joie, qu'Il soit toujours notre joie à nous tous. AMEN


Père Antoine-Pierre NAKAD c.m.



NB : Pour consulter le reste de l'album, cliquez sur une photo